La pensée en otage : s’armer intellectuellement contre les médias dominants. Aude Lancelin

La pensée en otage : s’armer intellectuellement contre les médias dominants. Aude Lancelin. éd. Les liens qui libèrent, 2018

Je vais parler dans cet article du livre d’Aude Lancelin, la pensée dominante : s’armer intellectuellement contre les médias dominants. Aux éditions les liens qui libèrent paru en janvier 2018. Aude Lancelin a beaucoup été médiatisée suite à son licenciement de l’Obs sous François Hollande [1] [2]. L’Obs a par la suite été condamné au prud’homme pour licenciement abusif [3][4]. Elle est actuellement à la direction du Média. (édit : elle a quitté la direction du Média)

9 idées reçues

Dans son livre, Aude Lancelin démonte 9 idées reçues sur le journalisme et le métier de journaliste. Le livre rappelle que le métier de journaliste est un métier sous pression et où on observe une augmentation de la précarité. Ensuite, elle questionne beaucoup la place des journalistes, des médias, notamment mainstream en France. En effet, elle montre que la plupart des médias en France sont détenus par des milliardaires (voir le récent rachat de Le Monde [5][6]). Il est intéressant aussi de regarder le classement de la liberté de la presse en 2018 selon reporter sans frontière [7] et la place de l’économie mondiale qui dépend du PIB sur ce tableau [8].  La France est 33ème au classement de la liberté de la presse [9] et elle est la 7ème économie mondiale. Pourquoi les milliardaires, les actionnaires s’intéressent autant aux journaux ? Le livre tente en tout cas de répondre aussi à cette question.

Un journal neutre

J’ai choisi une idée reçue du livre : « les journalistes doivent être neutres ».

  • Elle cite François Ruffin avec son livre sur les petits soldats du journalisme qui critique la formation des journalistes dispensée par le centre de formation des journalistes (CFJ) [10].
  • Elle cite le cas des panama papers. On peut se demander pourquoi on observe aussi peu de réactions et d’actions politiques à l’échelle nationale ou européenne [11].
  • Au contraire, ils préfèrent faciliter l’optimisation fiscale, mener des politiques de nivellement par le bas en s’alignant sur les impôts proposés par les paradis fiscaux. Déjà à l’échelle européenne avec des pays tels que l’Irlande, le Luxembourg, les pays-bas, malte et la Belgique (pour ne citer que ceux-là) [12][13].
  • Dans ce type d’affaires, ce sont les lanceurs d’alerte qui sont lourdement sanctionnés alors qu’ils agissent souvent dans l’intérêt général.

Tout d’abord, je peux comprendre qu’on puisse s’attendre à une certaine neutralité de la part du journaliste lorsqu’il diffuse l’information. Un fait reste un fait. Cependant, les journalistes sont des personnes qui sont soumis également à des injonctions dictées par la société, influencées par leur environnement social mais aussi qui peuvent avoir un engagement politique. Cela entraîne des biais.

De plus, face à certains sujets, c’est toujours délicat d’adopter une position neutre puisque cela revient à prendre une position détachée qui mène souvent vers un statu quo. Pourtant, la plupart des sujets évoqués dans les journaux télévisés cherchent à provoquer une certaine émotion suffisamment importante mais modérée. En effet, il ne faut pas non plus que le spectateur descende organiser une manif ou réfléchisse trop à une problématique.

Les médias en France

Le traitement médiatique français de certaines affaires très récentes telles que l’affaire Luc Besson, à part Médiapart [14], je n’ai pas l’impression que ce soit clairement repris dans d’autres médias français ou alors pour minimiser les faits [15][16]. Cela me paraît être une position très étonnante suite à l’affaire Weinstein. On peut également souligner la couverture médiatique du mouvement des gilets jaunes montrant un certain mépris,  une hostilité envers les personnes manifestantes [17].

Fake news

Dans notre société, nous sommes constamment envahis par un flot d’information. Cela peut devenir difficile pour certaines personnes de repérer les fake news etc. C’est aussi difficile de prendre du recul et d’analyser les informations reçues. Cela peut être compliqué de discuter de certains sujets politiques ou de société sans tomber sur des personnes qui ont un mode de pensée binaire. Pour moi, c’est toujours très délicat de débattre avec des personnes qui affirment des généralités sans s’être vraiment renseignés car cela me demande beaucoup d’énergie émotionnelle notamment pour analyser leurs arguments (j’hésite à mettre des guillemets). Il faut que je sois un minimum en forme pour avoir ce genre de débat.

Aux lecteur.rice.s intéressé.e.s

Pour finir, je conseille ce livre assez court qui permet d’entamer une certaine déconstruction sur la place des médias mainstream en France. La question qui me vient est la suivante :  les médias sont-ils au service de la démocratie ou du pouvoir ? Pour celles et ceux qui sont déjà sensibilisé.e.s à cette question, ce livre apporte des arguments pertinents supplémentaires.

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